La Pansémiotique et Moi


A la suite d’un projet mail art qui a duré un peu plus d’une année, (l’opération Bises-art, débutée fin 1987 et refermée fin 1988, en hommage aux anthropométries d’Yves Klein, décédé 25 ans plus tôt) je reçois un courrier de Daniel Daligand daté du 26 juin 1989 dans lequel il me remercie de lui avoir envoyé un exemplaire de L’étang moderne intitulé « Trou blanc » en couverture duquel j’annonce rechercher les mots et expressions qui désignent un sexe masculin, un sexe féminin et une relation sexuelle. Il me répond que son vocabulaire en matière de queue, zob, pine, braquemart, etc n’est guère plus riche que la moyenne mais il ajoute que mes jeux de mots sont intéressants (teintés récents) et qu’il pratique le même exercice au sein de L’Association Française de Pansémiotique. Il joint à ce premier courrier « quelques suites à Mickey », car j’ai du lui envoyer quelques exemplaires de la version longue de l’art évolution en 50 épisodes publiée en 1988, dans laquelle figure Mickey l’ange, en 8° position, qui est celle d’un infini en érection, dans mes considérations mystico-délirantes de cette époque lointaine…

Je lui ai répondu que je ne connaissais pas cette association « Pansémiotique » mais il a poursuivi l’échange le 3 juillet de la même année en me disant que je faisais de la pensée myotique sans le savoir. Et pour mon éducation sur le sujet, il m’a envoyé une publication. Dans ce même courrier, il m’annonce aussi que je pourrai faire un « membre » honorable bien qu’éloigné géographiquement et m’invite à venir les rencontrer pour un vernissage le 11 juillet à Paris. Pas sur d’être allé les rencontrer pour la première fois à cette occasion mais j’ai gardé le carton d’invitation de cette exposition intitulée Louis XIV ……. juillet, à la Galerie Duval-Dunner installée à Montmartre, au 7, rue des 3 frères, avec des oeuvres de Bonieux, Daligand et Duval. J’en ai vu d’autres un peu plus tard et donc eu l’occasion de rencontrer les 3 membres fondateurs de la Pansémiotique fin 1989 ou début 1990…

La publication dont Daniel Daligand me parle dans ce courrier du 3 juillet 1989 (la date est importante) pourrait être Plaquette, première publication officielle de l’association Française de Pansémiotique, qui est sortie en 1988 mais je n’en ai conservé que de très mauvaises photocopies. (?) Il devait plutôt s’agir d’ Esquisse d’une approche pansémiotique du triscèle de Disney, signé Lacadio Mortimer (pseudo de Daniel Daligand) paru un peu plus tôt, en septembre 1987, mais dont seul le titre s’en réclame de cette mystérieuse pansémiotique car l’association n’existait pas encore officiellement à ce moment-là. Ces 2 documents (Plaquette et Esquisse…) ont été imprimés en offset, ainsi qu’un 3° titre, Hains et la Pansémiotique, qui est paru en 1989 et que je n’ai encore jamais eu entre les mains. (Actuellement en vente sur internet)

Daté du 17 décembre 1990, le premier numéro de la revue Pan, c’est myotique, se présente comme un simple bulletin d’informations, et rappelle en 1° page que l’association existe depuis 1987, qu’elle a publié 2 plaquettes, organisé plusieurs expositions et des panséminaires, a participé à des colloques universitaires et à des séminaires depuis sa création 3 ans plus tôt. C’est un 16 pages A4 en photocopies pauvrement maquetté en partie sur ordinateur pour les textes en colonnes mais qui a semble-t-il été fini avec des ciseaux et de la colle de manière assez maladroite…

L’une des particularités de cette publication artisanale, qui peut être assimilée à un fanzine de part sa forme rudimentaire et son tirage limité, est qu’elle provient d’un groupe d’adultes qui ont tous passé la quarantaine en 1990. Richard Sünder, le fondateur originel et théoricien du groupe, né en 1936 est même déjà un bon cinquantenaire. Daniel Daligand (né en 1942) et Bruno Duval (né en 1947) sont plus jeunes mais quand même pas mal plus âgés que moi qui suis né en 1963, et qui approche donc la trentaine, ce qui est déjà relativement vieux par rapport à la moyenne des personnes que je commence à rencontrer dans ce milieu de l’édition alternative, indépendante, marginale, auto-produite et autres, qui ont le plus souvent autour de la vingtaine, et qui étaient encore lycéens ou étudiants lorsqu’ils ont débuté… De fait, les publications de la Pansémiotique: plaquettes, bulletins puis revue visent une reconnaissance du milieu universitaire et artistique, intellectuel et adulte. Les membres de la pansémiotique fréquentent alors par exemple La revue parlée organisée à Beaubourg. Ils seraient bien surpris que l’on puisse les considérer comme de vulgaires fanzineurs…

Richard Sünder est aujourd’hui décédé (en 2020 et dans l’indifférence générale), Bruno Duval est très malade d’après les dernières nouvelles de Daniel Daligand de fin d’année 2024. Les 3 fondateurs de la Pansémiotique se sont fâchés entre eux depuis bien longtemps, mais les publications ont continué jusqu’en 2011 (n°41), avec de nombreux changements d’équipes réunies autour de Richard Sünder. C’est une histoire plutôt confidentielle et assez tourmentée dans laquelle je me suis retrouvé impliqué d’y avoir participé brièvement au début des années 90, et qui, je dois le reconnaitre, a quand même bien changé ma vie… Mais revenons à la chronologie des objets publiés.

1987: Daligand publie Esquisse d’une approche Pansémiotique… en septembre et je lance « L’opération Bises-art » (et La Troupe Folklorique Hilare Moderne) un ou deux mois plus tard. L’Association Française de Pansémotique est officiellement créée en fin d’année.

1988: L’A.F.P. publie Plaquette, qui réunit des textes de ses 3 membres fondateurs. Dans l’ordre: Richard Sünder, Bruno Duval et Daniel Daligand alors que je publie de mon côté L’art évolution en 5 (version courte) et 50 épisodes (version longue) tout au long de cette même année.

1989: L’A.F.P. publie Hains et la Pansémiotique et je fais connaissance par voie postale avec Daniel Daligand qui me présente auprès de ses camarades, que je rencontre peu après et que je vouvoie tous les 3.

1990: Premier n° de Pan, c’est myotique en fin d’année, le 17 décembre, qui est une date hautement symbolique pour ses 3 membres fondateurs, qui invitent ici plusieurs nouveaux contributeurs dont Jean Mas, qui y écrit notamment: « Le Pansémioticien sera celui qui, d’une position: d’artiste, de scientifique, d’analyste (position sociale instituée) mènera une avancée par la mise en oeuvre transconceptuelle des données qu’il aura dégagées, suspectées, digérées, inventées. La pansémiotique est une science absolue car elle possède à la fois science du vrai (effets de vérité), du juste (on peut tout expliquer avec), mais elle n’est pas une science exacte (chaque pansémioticien pouvant aboutir à un résultat différent). Je dirais même devant, doit aboutir à un résultat différent. Par contre, les effets peuvent se recouvrir, cela est une question de sujet. Elle est d’une absolue relativité. » Ce premier bulletin de l’A.F.P. est annoncé comme trimestriel.

En février, Ben a fait un compte rendu enthousiaste dans la revue Arthèmes, repris dans Pan n°2 : « J’ai reçu le numéro Un de la revue Pansémiotique. La meilleure publication de l’année bien que l’année ne soit que commencée; la Pansémiotique, ça m’impressionne. Enfin un mouvement qui globalise, qui propose autre chose que la fabrication de petits produits artistiques. Je vais les flatter mais je vais dire que la Pansémiotique est le seul mouvement depuis Dada qui remette les choses à zéro. Avec une petite parenthèse ouverte pour le lettrisme et le situationnisme à un moment donné. (…) La Pansémiotique permet-elle de dire n’importe quoi? Ou alors la pansémiotique rejoint-elle un univers parallèle y compris un univers où la souris verte est Jésus-Christ? » Ben sera nommé peu après président d’honneur de l’A.F.P. (Bruno Duval, originaire de Nice comme Ben, le considère comme son père spirituel)

Le n°2 de Pan c’est myotique ne sort qu’au mois de mai et un autre (double) avant la fin de l’année avec une cover en couleurs (n° 3/4), toujours photocopié au format A4, avec de nombreux invités et auquel j’ai été intégré avec un texte intitulé « Dalle i stérique« , initialement publié par mes soins pour clôturer la série « L’Etang moderne« , débutée en 1989, (après avoir passé les premiers mois de l’année aux antipodes, à Sydney, en Australie). Salvador Dali est décédé en janvier 1989 et au moment de prendre l’avion pour rentrer en France, je suis tombé sur un article en anglais, au sujet de la sexualité de Dali et Gala, qui m’avait bien amusé, d’autant plus que par ailleurs, Sydney se retourne facilement en Disney

Dalle i stérique est une introduction au projet Mickey l’ange sur lequel j’ai prévu de passer l’année 1992, qui est aussi l’année de l’ouverture d’Euro Disney en région parisienne. Malheureusement, j’ai prêté ce n°3/4 sur la couverture duquel figurait un Mickey en plastique, les bras grands ouverts devant une sainte vierge en plastique également, et qui était un spécial immaculée conception. Mon texte y a été publié sur la double page centrale alors c’était un grand honneur pour un petit branleur comme moi. J’y mettais, entre autres, en équation la vierge Marie avec le zéro pour la retourner en « verge mariée » dans l’imaginaire du i/1, qui permute des chiffres et des lettres, en passant par Duchamp et Lacan, tous 2 proches de Salvador Dali… Ca leur avait plu.

1992: L’AFP abandonne son bulletin au profit de 2 livres épais aux Editions Montorgueil qui paraissent simultanément en février: « L’envers du réel » par Richard Sünder et « Miqué ou les oreilles de Dieu » par Daligand (toujours signé de son pseudo Lafcadio Mortimer) pendant que je réalise une fresque performance à Gauchy en banlieue de Saint-Quentin (02) pendant ce même mois de février, qui est celui des arts plastiques pour la M.C.L., (Maison de la Culture et des Loisirs) qui m’a invité à revisiter la Chapelle Sixtine sous l’intitulé Mickey l’ange et pour lequel est sorti un catalogue tiré en offset au format A4, tiré à 1000 exemplaires: Le Journal de Mickey l’ange, (dont la moitié a été distribué à des enfants), dans lequel je reprends les textes de Daligand et Duval publiés dans Plaquette. Daligand y signe aussi un petit édito humoristique et décalé et y figure également une courte introduction repiquée à Richard Sunder: « Lorsqu’il est apparu il y a quelques milliards d’année, le cosmos n’était qu’un système d’ondes électromagnétiques vibrantes. Une vibration d’ondes est une fonction d’onde, c’est à dire une figure géométrique mouvante qui peut-être décrite par un système d’équations… » Considération abstraite et programmatique à partir de laquelle j’ai revisité les 9 scènes bibliques et le Jugement dernier peints par Michel Ange 500 ans plus tôt, à la manière d’une bande dessinée, qui va de l’abstraction à de la figuration, géométriquement libérée, plus ou moins…

Au mois de juin, parait Pan nouvelle formule qui reprend au n°1, tiré en offset à plusieurs milliers d’exemplaires avec un dos carré et une maquette propre et soignée, style universitaire. L’éditorial y est résolument enthousiaste: « Après trois numéros (dont un double) reprographiés avec des moyens dits de fortune et diffusés de façon pour le moins confidentielle, PAN c’est myotique découvre enfin les charmes de l’imprimerie et les prestiges de la diffusion en librairie. De bulletin d’association qu’il était par son contenant – sinon toujours par son contenu – le voici devenu une véritable revue. Sans être pris de panique, il n’a rien perdu pour autant de son esprit Panique: celui-là même qui, par sa découverte soudaine des abîmes de l’inconscient humain, caractérise le dieu Pan… » et j’y suis cité en clôture de cet édito, étant l’invité à qui l’on a offert le privilège du mot de la fin, de ce qui n’est que le début d’une nouvelle aventure résolument orientée vers l’avenir: « Comme il est de saison, le dernier mot revient, sous la plume de notre benjamin Eric Heilmann, à Mickey (l’ange), qui, bien avant la détection du virus informatique Michel Ange figurait déjà dans la composition des fresques de la Chapelle Sixtine. Encore un scoop pansémiotique. Mais, au fait, c’est une revue que vous avez entre les mains, ou bien, dès aujourd’hui, le journal de demain? Faites confiance à la pansémiotique, et vous aurez de quoi l’an 2000 sera fait. »

Comme dans chaque nouvelle publication, figure juste ensuite une tentative de définition de ce qu’est (ou devrait être) la pansémiotique: « La Pansémiotique est l’idée que l’inconscient, loin de ne s’exprimer qu’au moyen des rêves, des lapsus et des actes manqués, se manifeste aussi, aux yeux de la conscience, à chaque instant de la vie quotidienne, au moyen de signes objectivement porteurs d’une signification cachée, qu’il faut apprendre à déchiffrer. C’est à dire que les objets, les êtres et les événements de la vie quotidienne n’ont pas seulement la signification ordinaire qu’on leur attribue. Ils ont, en outre, une signification symbolique, dont ils sont chargés par l’inconscient, à la manière d’un rébus. »

2 mois plus tard, au mois d’août, parait un 3° ouvrage Pansémiotique chez Montorgueil, le plus gros des 3, signé Richard Sünder à nouveau, et intitulé: « Avant le Big Bang« . En partie dédicacé à Bruno Duval, « pour la contribution qu’il a apporté au développement de certaines applications pratiques du modèle, notamment en élaborant avec moi la théorie de la dialectique du sujet, de l’objet, du projet et du trajet, la logique dialectique quinquénaire-décenaire des doubles contradictoires croisés ainsi que le concept et la théorie de la pansémiotique.« , et à sa grand-mère maternelle « dont je n’ai jamais admis la mort, le 17 décembre 1956… » Partant de multiples considérations autobiographiques, Sünder y développe sa théorie de l’inconscient cosmique, qui est une synthèse des travaux d’Einstein croisés avec ceux de Freud… Le souvenir que j’en ai gardé est qu’il était furieusement bien délirant avec pas mal de fautes d’orthographes qui cassaient bien l’ambiance des hautes sphères intellectuelles auxquelles il faisait référence. Ce livre peut aisément se ranger dans la catégories des productions de fous littéraires mais dont il est assez difficile de suivre les raisonnements logico-scientifiques. Une vraie curiosité quoi qu’il en soit mais ce qui est le plus flagrant, c’est que son auteur y croit profondément à tout ça, comme à une évidence, sans humour et sans la moindre trace de second degré, ce qui était pour moi quand même assez gênant…

En fin d’année, Daligand qui fait bande à part, sort en autoédition une petite publication beaucoup plus légère dans son propos: Meaux dits, qui rassemble des courts poèmes à base de jeux de mots, qui ne mentionne pas la pansémiotique, et qu’il m’envoie gentiment avec une petite dédicace personnalisée…

1993-1994: Période trouble et retour à la photocopieuse pour l’AFP. Il n’y a pas eu de n°2 de la nouvelle formule en offset et dos carré. Le succès escompté n’a pas été au rendez-vous et un important tas d’invendus se retrouve chez un soldeur alors une crise éclate entre les membres fondateurs, jusqu’à la rupture, marquée par le départ de Bruno Duval. Il était celui des 3 frères avec qui je partageais jusque-là le plus d’affinités formelles et verbales. De mon côté, c’est une période assez trouble également car le projet Mickey l’ange, qui devait ne durer qu’un an ne cesse de se développer et l’inconscient cosmique théorisé par les membres de la pansémiotique devient pour moi un état permanent, à la limite de la psychose, avec accumulation de coïncidences chiffrées, verbales et visuelles qui tournent en orbite autour des rapports « 13 et 3 » et du triscèle, de Disney, omniprésent chez Michel Ange… Une petite crise de paranoïa-critique telle que Dali et Lacan ont pu la théoriser, ce dont j’ai pris connaissance bien avant de rencontrer la pansémiotique mais qui y coïncidait parfaitement, dans l’esprit de ce début des années 90…

A l’occasion d’une exposition donnée le 17 décembre 1992 sur le thème de ce jour particulier, j’avais ramené 2 documents qui rattachaient justement Dali et Lacan à cette date hautement symbolique pour le club Pansémiotique. Le 17 décembre 1955, Dali donne une célèbre conférence à la Sorbonne sur les liens entre la dentellière de Vermeer et le rhinocéros (qui passe par la forme d’une spirale logarithmique) et en 1974, Lacan présente pour la première fois le noeud borroméen dans son non moins célèbre séminaire, le 17 décembre également. J’avais ça dans mes archives photographiques et légendées alors Bruno Duval avait bien apprécié le geste, purement pansémiotique, qui confirmait que je devais être pour lui et la pansémiotique un genre d’élu, par le hasard et la nécessité. (De la née cécité de notre paire d’yeux, selon lui…) Il m’avait aussi envoyé un poème où il était question du haut de l’aine, écrit avant de me rencontrer alors que je vivais en haut de l’Aisne depuis ma naissance…

Pendant cette période, Pan a continué de paraitre mais je n’en ai pas été informé, à l’exception de 10 pages intitulées « The Trouble« , extraites du Pan n°3 d’une nouvelle nouvelle série, que m’a fait parvenir Bruno Duval. Il y est question de tenter d’expliquer les raisons de l’échec de l’ancienne nouvelle formule et des projets de l’AFP en général. Les 3 fondateurs y sont interviewés à tour de rôle par Béatrice Dunner, compagne de Bruno Duval et présidente de l’A.F.P. depuis ses débuts. Quelques extraits désabusés:

Daniel Daligand
… tout ce travail n’a pas obtenu l’écho qu’il méritait. Il y a une résistance de l’extérieur à la pansémiotique, la méfiance des groupes et des pouvoirs établis, notamment universitaires…

Nous avons beau jeter des pavés dans la mare, la méfiance, ou pire, l’indifférence, persistent. Et puis nos moyens sont limités, nos publications mal diffusées. Le monde souffre, en outre, d’un trop plein d’informations, il en est étouffé, son indifférence augmente. Tout ce qui est nouveau reste, dans ce contexte, forcément marginal.
Pan est mal diffusé… Il est vrai que certains numéros ont été meilleurs que d’autres. Ainsi le n°1 de la nouvelle série, sur l’histoire, a-t-il été un échec total… Le tout premier numéro, quoique primitif et artisanal, avait le charme de la fraicheur. Le numéro sur l’immaculée conception était très réussi.


(Christiane Daligand) Au début, tous les membres de l’association ont été sollicités par lettre pour participer à la rédaction de PAN. Nous avons eu très peu de réactions. Nous n’en avons plus du tout aujourd’hui.

J’ai eu et j’aurai encore plusieurs fois l’occasion de présenter mon livre: Miqué ou les oreilles de Dieu et j’ai pu constater chaque fois que l’humour apparent faisait passer les choses les plus profondes, les plus sérieuses.


Bruno Duval
Lorsque j’ai découvert, dans un texte d’inspiration cabalistique, que DIEU était un anagramme de VIDE, ça m’a paru évident.

A force de rencontrer sur mon chemin des coïncidences amusantes, troublantes ou signifiantes, j’ai commencé à me poser des questions : Etais-je fou? … En outre, dans la conversation courante ou à la lecture, les mots les plus ordinaires, à mes oreilles, prenaient souvent un double sens, symptôme d’obsession analogique, voire de confusion mentale, mais aussi, lorsque de telles associations d’idées étaient particulièrement surprenantes, source de jubilation humoristique…


En premier lieu, l’association n’a pas vraiment fait la pansémiotique, dont la définition demeure encore incertaine pour la plupart de ses membres… En second lieu, l’association ne fait pas vraiment de pansémiotique, car l’administration a pris le dessus, les rapports de pouvoir ou de savoir primant sur l’entente associative. Quant au troisième but – faire connaitre, promouvoir la pansémiotique – l’échec me semble total.


Nous n’avons pas réussi à créer une revue qui puisse satisfaire un public non-initié. Les rares abonnements sont rarement renouvelés… Le public de PAN est inexistant, l’équipe rédactionnelle aussi.


Au sein du comité directeur, on peut distinguer deux tendances : celle qui se montre avant tout soucieuse d’une extrême cohérence apparente dans la tenue des raisonnements, et celle qui se réclame des « incohérents » de la fin du XIX°, précurseurs de Dada, du surréalisme, de Fluxus. Pour moi il n’existe qu’une seule possibilité, la réconciliation dialectique de ces deux tendances opposées. Si elle n’a pas lieu, il n’y a ni PAN, ni association de pansémiotique qui tienne.


Richard Sünder
Le terme de pansémiotique a été trouvé par Bruno Duval, après de longues discussions. Je préférais métaséiotique… mais ce terme n’était pas dialectique. Je me suis donc rallié au terme de pansémiotique – théorie totalitaire (au vrai sens du terme) des signes – qui passe très bien aujourd’hui.

Fort peu de gens s’intéressent à la pansémiotique et plus rares encore sont ceux qui la comprennent. Peut-être n’avons-nous pas su la vulgariser. D’ailleurs l’écrit passe moins bien qu’à l’oral. On l’a constaté au cours des conférences faites à Beaubourg et des panséminaires… Il est finalement plus facile d’expliquer ce que c’est verbalement que par écrit.

En fait, l’AFP est une belle illustration du modèle. Son inertie presque absolue la fait tendre vers le vide infini! La revue est un fourre-tout. Le comité de rédaction ne fonctionne pas correctement. Il n’y a pas de sélection véritable des articles et nous manquons de contributions de valeur.

Bruno Duval a quitté l’Association peu après cette mise au point. La suite de l’histoire et de mes relations avec l’AFP reprend pour moi l’année suivante, mais en 2 temps séparés par une trentaine d’années…

Dans un premier temps, j’ai reçu le Pan n°6 (4° série) dans lequel je suis interpellé personnellement par un lecteur anonyme qui est tombé sur une brève de Willem dans sa rubrique « Images » publiée dans Libération. « Qui est le vrai découvreur du triscèle? En effet, un numéro de Libération de février, affirme, dans la rubrique consacrée aux fanzines, que l’inventeur est Eric Heilmann…? » signé par un mystérieux X.G. de Paris et auquel il est répondu que « les premiers textes sur le triscèle, signés Daniel Daligand, remontent à 1986. Eric Heilmann, alors âgé de 9 ans suçait encore son pouce.« 

En 1986, j’en avais 23 et Willem qui n’affirme rien a juste signalé que je venais de sortir une petite publication intitulée Le club Mickey l’ange, qui rassemblait les contacts des dessinateurs et graphistes qui ont illustré les différents titres édités sous cet intitulé depuis 1992 (avec en illustration Minnie qui sodomise Mickey) alors c’était assez surprenant cette réaction mais Daligand était alors bien fâché après moi, sans que je comprenne vraiment pourquoi. C’est lui le premier qui m’a invité à participer en me disant que j’étais pansémiote avant même de le savoir et c’est Mickey (l’ange) qui nous a fait nous rencontrer. De plus, le premier texte que j’ai écrit sur le sujet ayant été publié dans la revue Pan, il était bien au courant depuis le début de mes recherches sur la relation entre Mickey et Michel Ange, qu’il semble découvrir tout à coup…

Enfin là c’était encore plutôt gentil. Dans un autre petit texte publié au mois de mai 1994 dans Le Grand Hors-Jeu n°74, il y est un peu plus virulent… Guy Ferdinande, l’éditeur de cette revue littéraire que j’ai un peu fréquenté quelques années plus tôt s’étonne de voir dans le programme de l’Aéronef (salle de spectacle lilloise) que j’y présente une conférence sur Mickey l’ange, le 1° avril. Daligand lui répond alors: « Oui! Bizarre, bizarre ce petit Heilmann… Je ne suis bien évidemment pas dans le coup… Puisque depuis quelques temps il n’a d’autre idée que de copier ce que j’ai fait en remplaçant Versailles par Saint Pierre de Rome…« 

A noter que la présence de Mickey à Versailles qui est au centre de son ouvrage « Miqué ou les oreilles de Dieu » lui a été signalée par un lecteur anonyme de l’hebdomadaire l’Express: « il y avait déjà presque un an que je travaillais sur les rapports pouvant exister entre le portrait stylisé de Myckey Mouse utilisé comme logo par Walt Disney et le triscèle, ou triskell… lorsqu’un ami me fit parvenir une étrange coupure de journal. Il s’agissait d’une lettre du courrier des lecteurs de l’Express du 4 novembre 1987 dans lequel un mystérieux monsieur M. M. de Paris VII° montrait, photo à l’appui, que le parc du Palais de Versailles contient un portrait stylisé mais parfaitement reconnaissable de Mickey… » publié dans Chimères n°16 pendant l’été 1992.

En juillet 1992, j’ai eu droit à un petit portrait dans Best, qui disait notamment que j’avais découvert que les plus grands collectionneurs au monde de Mickey étaient Mr et Mme Lange mais c’est Daligand qui m’avait envoyé l’article où c’était écrit noir sur blanc, avec la photo du couple et une petite dédicace bienveillante de sa part.

La « cirque-conférence » à l’Aéronef a été la dernière que j’ai donné devant un public, après une dizaine d’autres depuis le début de l’année 1993. Comme les membres de la pansémiotique le constatent dans The Trouble, le propos pansémiotique fonctionne mieux à l’oral, en tant que spectacle et performance, c’est un fait, même si j’y étais très mauvais et pas à l’aise du tout… Et c’est à l’occasion de cette dernière prestation du 1° avril 1994 à Lille que j’ai rencontré le comédien avec qui je me suis ensuite associé et qu’ensemble nous avons créé une compagnie de théâtre de rue, qui a bien tourné avec le spectacle Mickey l’ange et son nombre, joué sous une petite tente foraine pour la version courte et en salle pour la version longue, de 1996 à 2001.

Contre toute attente, en juillet 2001, Willem nous a à nouveau réunis dans sa rubrique Images, Daniel Daligand et moi-même, au moment où Mickey l’ange et son nombre jouait ses dernières dates mais je ne l’ai découvert que très récemment. Ce très court texte figure juste en dessous d’une image reprise par Pascal Doury pour son encyclopédie des images, quelques mois avant sa disparition… Etrange coïncidence typiquement pansémiotique du fait que Pascal Doury est sans aucun doute l’artiste dont je me suis le plus inspiré au rayon peinture et coloriage, mais aussi Dali, l’écrivain, dans lequel je me reconnais une familiarité certaine, de l’avoir beaucoup lu encore adolescent et va savoir pourquoi le discours de Daligand m’allait comme un gant.. Lui et moi comme Dupont et Dupond aux côtés de Mickey et de l’inconscient cosmique, sachant que lui même s’est adossé au discours pansémiotique sans en être à l’origine, partagée par Richard Sünder, le théoricien des profondeurs et Bruno Duval, le poète des signes et de la numérotation…

Enfin, c’est encore plus récemment (fin 2024) que j’ai trouvé sur leboncoin un autre numéro ancien de Pan, le n°5 de la 4° série, qui date de janvier 1995 et dans lequel j’ai droit à un encart d’une demie page où je me fais sérieusement insulter, par Richard Sünder sans aucun doute, sans y être directement nommé mais qui est quand même un genre de consécration posthume et jubilatoire pour moi, qui commence par: « Dans l’un de ses bulletins – véritables documents cliniques, sans pôle ni sens, dont la confusion graphique et l’anarchie textuelle sont l’expression d’une confusion mentale particulièrement originale – un psychopathe analphabète, arriviste et plagiaire, rapporte dans son délire, l’information suivante sous le titre Pansémiotique…« 

Dans ma petite feuille d’infos de l’époque, après avoir lu The Trouble et discuté avec Bruno Duval, j’y écrivais que Sünder continuait à écrire des textes psychotiques et que Daligand avait un peu fondu les plombs, histoire de les taquiner un peu… Passé cette citation, il enchaine: « L’agité auteur de ces lignes, publie aux frais de sa municipalité, donc des contribuables de Saint Quentin, un petit journal de sanisette qui fait une sévère concurrence aux publications spécialisées de Moltonel et de Lotus… Cependant, quelques-uns de nos lecteurs recevant, par le biais de ce délire, gratuitement leur PQ, voici quelques précisions…« 

Normal que je ne reçoive plus rien car je ne suis plus abonné, l’AFP continue, seuls 2 membres ont démissionné (Bruno Duval et Béatrice Dunner), Daniel Daligand a été élu président mais c’est Richard Sünder qui dirige et réalise désormais la revue. Ca se termine par « L’agité aurait pu se procurer ces informations auprès de sources autorisées plutôt que d’aller les chercher, tronquées, au comptoir du timbre, ce dont on ne saurait tenir rigueur à un timbré. »

Etonné et flatté de découvrir ça 30 ans plus tard, ce petit pavé supplémentaire qui complète mon inscription dans la petite histoire de la pansémiotique. Et qui n’intéresse que moi mais c’est vrai que j’ai continué à avoir des échanges avec Bruno Duval, qui avait transformé sa galerie en comptoir du timbre (d’artistes), qui éditait au plus cheap une chronique baptisée « Au 17 du mois / Odysette du moi« , à partir de 1995, mais j’ai perdu le contact l’année suivante, comme avec tout le monde de la petite édition alternative, toutes tendances confondues.

Au delà du conflit personnel, ce petit billet d’humeur illustre assez bien néanmoins un autre conflit plus général. Une génération, la leur, où c’est l’idée qui prédomine, l’énoncé verbal et conceptuel contre celui de ma génération, pour laquelle l’image et le graphisme ont pris le dessus, ce qu’ils ne comprennent pas du tout et qui semble donc leur échapper complètement. La même année, je suis en vedette dans un article de Libération magazine intitulé « Les zinzins des Fanzines« , signé Yannick Bourg, qui a pas mal contribué à ce que j’aille voir ailleurs de toutes façons, et qui a du définitivement désespérer et exaspérer mes camarades pansémiotes, sauf Bruno Duval qui m’a envoyé ses félicitations.

La pansémiotique a continué a éditer de nombreux nouveaux numéros de Pan dans une assez stricte confidentialité, que je ne connais pas du tout mais que je serai bien curieux de pouvoir découvrir un jour, pour les consulter et en mesurer les évolutions internes. Peu de trace sur internet, difficile de mettre la main sur ces vieux papiers à vendre nulle part, en dehors de ceux édités par Montorgueil et le n°1 de la nouvelle série en 1992 que l’on trouve encore très facilement et à pas cher. Néanmoins, quelques fragments numérisés et dispersés permettent de retracer une partie de la suite de l’histoire de l’AFP, qui est aussi celle de ses membres fondateurs, les 3 frères (ennemis) à l’origine du projet.

En 1998, la revue Inter Erudit, basée au Québec, ouvre un dossier sur la pansémiotique dans son n° 70, avec 2 textes de Daligand qui y reprend ce qui a déjà été publié auparavant: Mickey à Versailles et la réversibilité God/Dog, toujours signé Lafcadio Mortimer. Bruno Duval figure également au sommaire de cette revue, avec un texte intitulé « C’est pas la fin du monde » dans lequel il se déplace dans un labyrinthe de signes, tout à fait dans la lignée de l’Au 17 du moi. Dans le n° suivant, Richard Sünder lui répond dans le courrier des lecteurs, (Pansémiotique et relativité absolue) dans son style habituel et termine ses propos par ce paragraphe: « Bruno Duval devrait s’interroger sur les mobiles inconscients et la singulière fantasmatique qui le pousse à tronquer la réalité et à faire de la relativité absolue une idée que Giordano BRUNO, son alter égo, aurait inspiré à Alexandre KOYRE qui ne l’a jamais eue. On peut se demander si prétendre faire de la pansémiotique – c’est à dire analyser la signification des signes symboliques que le surréel produit dans le réel – avec de telles distorsions de la réalité relève d’une pseudo-pansémiotique ou de l’imposture. » La hache de guerre n’est pas encore enterrée. Et puis plus aucune trace pendant 10 ans.

En 2008, Alain Snyers, vieux compagnon de route de l’AFP publie un texte intitulé La Pansémiotique, ni feu ni lieu, toujours dans la revue Inter Erudit, qui en est maintenant à son n°99, où il dresse un état des lieux: « L’AFP (Association Française de Pansémiotique), nom officiel du collectif « virtuel » qu’est la pansémiotique, est une association hors norme, dans laquelle les participants viennent d’horizons divers et se retrouvent absolument par hasard et par nécessité. L’AFP n’est pas un groupe structuré fondé sur un programme, un manifeste, un dogme… La Pansémiotique est un espace interdisciplinaire hors des modes et du temps, car son propos est de considérer que tout est dans tout et vice-versa! (…) Espace virtuel et nomade, la pansémiotique regroupe des participants ayant tous un intérêt pour les coïncidences, les signes, les rencontres qu’ils expliquent et utilisent à leur façon, en écrivant, en peignant, en s’exprimant dans leur domaine. L’étude de textes, les jeux de mots, les sous-entendus participent des modes opératoires des pansémiotes. La Pansémiotique publie depuis une vingtaine d’années une revue semestrielle dénommée PAN, dont le n°34 vient de sortir… »

Richard Sünder y répond à nouveau dans son style habituel avec un texte intitulé: « Le Fondement de la Pansemiotique« , qui commence comme ça: « En août 2014, l’idée de relancer la revue PAN, sous forme numérique, était dans l’air… L’idée de rédiger un message des fondateurs de l’Association, afin de mettre les choses au point, après la démission du précédent président, m’était alors venue… L’Association Française de Pansémiotique (AFP) existerait-elle sans le modèle géométrique de l’arithmétique thermodynamique? Certainement pas! …Ayant bâti moi-même ce modèle géométrique entre le 17 décembre 1971 et 1978, j’étais évidemment le seul fondateur du modèle à pouvoir en rappeler l’histoire – à en faire l’historique –… »

Vient ensuite un assez long détour sur les origines et le rappel des principaux axes de sa théorie, un petit extrait pour en gouter le style obscur et particulier: « L‘arithmétique, en tant qu’infinie, donc absolue – … – est aussi évidemment qu’absolument le langage même du créateur – l’être absolu, infini… L’arithmétique, langage du créateur, est donc bien en même temps « anti-temps » (temps métaphysique infini en zéro plein corrélatif au temps métaphysique nul de l’infini vide), la thermodynamique absolue. A savoir l’énergie infinie, donc absolue, de l’être absolu et, simultanément, l’inertie infinie, donc absolue, du néant: l’infini vide. L’arithmétique est donc la synthèse (nécessairement dialectique) un Non-Etre, donc du néant absolu, en quoi le zéro, donc l’être absolu, s’inverse instantanément, fusionnant à vitesse infinie avec son propre contraire, le néant… Et ça dure comme ça pendant quelques pages avant d’affirmer que: « …la solution, c’est le MGAT : Le Modèle Géométrique de l’arithmétique thermodynamique, unité et fusion absolue de tous les contraires. » et d’enchainer: « C’est là l’objet même de la pansémiotique, laquelle non seulement n’est pas ni n’a jamais été un « collectif virtuel sans feu ni lieu » de bateleur de foire mais bel et bien une association réelle régie par la loi française. L’association a pour objet de faire connaitre la Relativité absolue et la théorie des rapports du conscient et de l’inconscient, la théorie du langage des signes ou pansémiotique et la thérapeutique des déséquilibres psychiques et physiques qui en découlent.»

Alain Snyers en prend alors pour son grade: « Ce qui n’a strictement rien à voir avec l’Anschluss (l’annexion) que les bateleurs de foire ont tenté d’opérer aussi bien à Nice que dans les colonnes de la revue québécoise Inter Erudit. Comme par hasard, l’anagramme rigoureuse de l’auteur, SNYERS est SE NYER. Son article est un recueil de RYENS sans syrènes: la vacuité totale se gargarisant non pas de Luchon mais de l’Un en vide, avec la Joconde plongée, après Duchamp, dans un bidet par Daligand, qui, sans Duchamp, n’en aurait jamais eu l’idée! Résumé fulgurant de l’art zéro, la nullité absolue réfléchie dans un petit pot de merda dell’ artista…« 

Après un nouveau et long détour sur les fondements théoriques toujours aussi obscurs, retour à de nouvelles considérations plus triviales: « Quand à la revue PAN, peut-être pourrait-on envisager de la refaire paraître – sous réserve de trouver quelqu’un qui se charge de faire la mise en page – son comité de rédaction compte toujours Boris Sirbey, Bruno Duval et moi-même, qui suis directeur de la publication. Se pose alors la question de la collaboration entre les éditions Edysseus et l’AFP. Daligand n’étant plus membre de l’association – il a remis sa démission – la publication de son ouvrage, sans intérêt pansémiotique, « Les symboles retrouvés », au titre de l’association n’est bien évidemment plus de saison… Quant aux bateleurs de foire qui se sont disputés la vedette à Nice, chacun tirant la couverture à soi, réduisant l’ancien président de l’AFP à un rôle de figurant, puis dans les locaux de la mairie de Paris, ils ont eu le succès qu’ils méritaient. La presse Niçoise n’a pas plus rendu compte de cette pantalonnade que la presse parisienne n’a rendu compte de celle des raviolis exposés rue de Rivoli. »

Finalement rabiboché avec Bruno Duval et désormais en froid avec Daniel Daligand, Richard Sunder qui n’a en fait jamais bien compris la raison d’être des arts plastiques au sein de la pansémiotique, ni les artistes contemporains de sa génération (qui manquent de rigueur théorique) ni les graphistes de ma génération (parfaitement dégénérés), enfonce une dernière fois le clou, avec un sens bien aiguisé de la polémique et du clash: « Tout est art », dit Ben. Mais tout têtard ne devient pas forcément grenouille. En revanche, si tout est art, c’est que la graine de nouilles – le nombre des artistes – tend vers l’infini. Du même coup, l’art tend qualitativement vers zéro. La relativité est toujours absolue! N’importe quel bipolaire peut exposer, dans la galerie des glaces de Versailles, une montagne de gélules pharmaceutiques multicolores en soutenant que c’est une oeuvre d’art!… »

Par le plus grand des hasards de la vie, il se trouve que je me suis retrouvé au XXI° siècle réassocié à Daniel Daligand et Guy Ferdinande au sein d’un autre collectif virtuel, Venus d’ailleurs, basé du côté de Nîmes, fondé et dirigé par Yoan et Aurélie, qui ont été sollicités par Richard Sünder, (alors âgé de bientôt 80 balais) pour mettre en page une nouvelle version imprimée de Pan, vers 2015. Mais l’ultime réunion des 3 fondateurs pour en discuter sérieusement s’est cette fois terminée par des mises aux poings dans la gueule…

Fin de l’histoire tragi-comique et relativement pathétique de l’Association Française de Pansémiotique, qui s’inscrit dans une certaine tradition surréaliste et situationniste, des désaccord et des exclusions à répétition entre les membres de ces mouvements et ceux qui en sont les responsables en titre.

Reste pour moi que Daniel Daligand (Initiales DD) a aussi publié un texte sur Donald Duck (initiales DD) que je n’ai jamais vu, mais qui présente cet autre héros de Walt Disney comme un double maléfique de Mickey Mouse, ce qui me semble tout à fait cohérent. Le premier courrier que DD m’adresse étant daté du 26/06/1989, j’y découvre là bien des années plus tard que le ver était déjà dans le fruit, puisque 26/06 est un dédoublement rigoureux du 13 et 3 qui est au centre de mes recherches sur Mickey l’ange. (Michel Ange débute son apprentissage le 1° avril 1488, à 13 ans et pour une durée de 3 ans. Au cours de sa vie, 13 papes ont siégé au Vatican, dont 3 Médicis, famille florentine où Michel Ange a poursuivi son apprentissage jusqu’en 1492, année où Christophe Colomb découvre l’Amérique.) Son courrier suivant, daté du 3/7/1989 complète le tableau puisqu’y figure la relation 7 et 3 (c’est étroit) mais à l’envers! Ces 2 dates, l’une dédoublée et l’autre inversée sont celles qui sont inscrites dans la formule définitive qui m’a été offerte à Laval (réversible) en 1998 par une spectatrice du spectacle Mickey l’ange et son nombre:

« Si 7 et 3 et 13 et 3, 7 ou 9 !« ,
(si c’est étroit et très étroit…)

… qui tenait ça des traditions rurales et scripturales de sa région natale, déposé sous l’assiette du marié à l’occasion de ses noces, et qui est donc éminemment et sexuellement très connoté au sujet de la virginité espérée de la mariée, ce qui referme la boucle sur elle-même et tend à prouver que Richard Sünder avait bien raison: l’inconscient cosmique existe, il est passé par moi comme ça mais je me demande encore bien pourquoi, sachant que 13 et 3 renvoie donc ici à la sodomie, finalement…
Jean-Pierre Brisset (1837-1919) aurait surement apprécié !

Pour Bruno Duval (initiales BD).

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